Page:Le Disque vert, nord, tome 2, 1922 - 1924.djvu/830

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moyen d’une glace, on agit sur ses yeux ; on lui envoie des teignes. Ses dents sont jaunes. On lui donne des rougeurs. On lui fait remonter sa nourriture, on veut l’empoisonner ; aussi refuse-t-elle de s’alimenter. On lui fait respirer de mauvaises odeurs. La nuit, elle ne dort pas : elle a peur qu’on lui fasse du mal ; elle se sent électrisée dans son lit. On lui a touché les organes génitaux. On a dû l’endormir. Elle éprouve des jouissances agréables.

Elle prétend voir des hommes et des femmes autour d’elle, des «invisibles », dit-elle. Elle leur crache à la face. Elle a cru reconnaître sa mère et la maîtresse de Loulou. Elle a des illusions de la vue et des interprétations délirantes. Elle parle seule, les paroles sont chuchotées, incompréhensibles. Elle semble véritablement rêver. Interrogée sur ses rêves, elle raconte qu’elle a rêvé qu’elle était dans la Grande Roue et dans la balançoire à vapeur. Son cœur s’en allait, sautait. Elle a rêvé aussi que l’un de nous venait près d’elle, l’embrassait ; elle s’est réveillée, il n’y avait personne. « Une autre nuit, dit-elle à l’un de nous, je vous ai vu dans mes yeux ».

Elle se sent poussée à agir : Loulou a voulu hier qu’elle se déshabille. « Pourtant, je voudrais rester honnête, dit-elle. J’ai une famille ». Elle s’agite, déchire sa chemise, sous prétexte qu’elle désire une chemise de dentelles. Elle fait des grimaces qu’elle dit « imposées ». Si elle était libre, déclare-t-elle, elle se donnerait au premier venu. Elle nous tutoie et nous dit : « Je te veux. Une caresse seulement. Ça m’a gré-