Page:Le Disque vert, nord, tome 2, 1922 - 1924.djvu/838

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FREUD ET L’INCONSCIENT.

Nombre de recherches scientifiques se résument pour le public, même lettré, en quelques formules faciles et frappantes, qui, isolées des faits qu’elles prétendent résumer, ont un air de paradoxe qui plaît. Ces formules, qui servent à étiqueter les hommes de science dans la pensée du vulgaire, sont la partie la moins consistante de leur œuvre. Il faut avouer que souvent ce sont les savants eux-mêmes qui ont aidé à les fixer ; par là ils nuisent à leur propre pensée. Disons-le nettement : au point de vue de la science, les seules acquisitions durables sont des faits avec leurs lois, des méthodes et des applications. Les théories n’ont aucune vérité ; elles n’ont pas d’autre valeur que les échafaudages dans la construction des maisons. La maison faite, ils disparaissent.

C’est un peu ce qui adviendra d’hypothèses célèbres : la loi logarithmique des sensations chez Fechner, les lois d’associations de la psychologie anglaise de Hume à Bain, ou encore, chez Bergson, l’hypothèse d’une vie mentale profonde qui ne serait que qualités et nuances, d’une intuition intérieure qui nous en donnerait l’impression directe, et d’un élan vital qui pousserait l’évolution par le dedans et serait à la fois la source de l’instinct des animaux et de la vision métaphysique de l’homme.

Quel que soit le charme de ces théories et l’attirance qu’elles exercent sur notre sens esthétique, elles sont passagères et d’autres les remplaceront, quitte à disparaître peu après. Mais ce qui est stable et acquis, ce