mêmes bêtises : j’en aime mieux d’autres. Je ne suis
nullement disposé, je l’avoue, à répondre toujours amen
au Credo de nos aristarques. S’il faut que je me contente
de la langue, telle que nos plus proches aïeux
nous l’ont faite, je ne vois pas pourquoi je lui ferais
décrire dévotement les mêmes courbes ; pourquoi j’enfermerais,
si j’en ai, mon imagination dans les mêmes
formes ; pourquoi je négligerais, par complaisance pour
mes pères ou plutôt pour leurs os, ce qu’ils n’ont, en
minaudant, négligé que par impuissance ? Je respecte
infiniment mes ancêtres, mais je ne sache pas de loi qui
m’oblige à les représenter traits pour traits, à porter
perruque, par exemple, quand je crois être certain que
j’ai des cheveux. Qu’on ressemble à Boileau de tournure,
qu’on s’habille à peu près comme lui ! c’est parfait.
Mais est-il de rigueur que la ressemblance aille
plus loin ? Boileau avait éprouvé des malheurs… dont
on peut se passer, ce me semble, sans manquer pour
cela de goût et de mesure. Ce grand maître volontaire
des cérémonies du Parnasse était un peu comme l’eunuque
au milieu du sérail : « II n’y fait rien, et nuit à qui veut faire.»
Quoique l’auteur de l’Art poétique ait maintenu, la rime au poing, les prérogatives du sonnet, les classiques ont eu l’irrévérence d’en faire un synonyme de sornette, et ce n’est pas sans peine qu’il commence à secouer la poussière de leurs anathèmes. Je suis aise qu’il renaisse, et soulève, comme Lazare, le couvercle de son tombeau ; mais que d’autres morts, qui mérite-