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Page:Le Fèvre-Deumier - Le Livre du promeneur ou Les mois et les jours, 1854.djvu/121

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va pas comme le printemps lui-même, hirondelle plus inconstante que celles qu’il nous ramène. L’hirondelle, à son tour, nous quitte avec les fleure ; lui, demeure toujours. Quand son rosier s’effeuille, il ne va pas, comme elle, en chercher un qui s’épanouit.

L’amour n’est point une de ces va peurs légères qui s’enflamment l’été dans nos prairies, qui sautillent devant nous dans l’herbe, pour égarer nos pas en fascinant nos yeux ; un de ces météores passagers, qui jaillit en bouquets de feu dans nos fêtes, qui nous illumine une seconde, et ne laisse après lui qu’une fumée noire, une fumée qui épaissit l’ombre où nous rentrons. Semblable à la lampe de l’Eskimaux, qui scintille sous sa hutte de neige, l’amour, quand tout est froid et pâle autour de nous, luit doucement dans le cœur qui parait glacé.

Il brille sous le givre... Hélas ! ne peut-on rien commencer dans ce monde qui ne finisse tristement ? Faut-il toujours qu’une larme vienne mouiller nos sourires ? Quand la sérénité interroge, faut-il que l’amertume réponde ? Hélas ! il n’est que trop vrai, quand la vie a jeté tous ses frimas sur nous, l’amour, comme une lampe, brûle encore sous les neiges du cœur. Mais, si l’image est juste, elle n’est pas complète. La lumière n’est pas toujours paisible. Elle jette souvent une clarté qui dévore, et le dernier flambeau qu’on allume détruit, goutte à goutte, le pauvre temple qu’il éclaire.