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LA GLACE DU VIEUX CHÂTEAU

Plus d’échos dans ces ruines pour les cris joyeux du chasseur, pour les fanfares de la danse, pour les chants vineux du banquet, pour l’agaçant boléro, l’ondoyante barcarole, ou la musique pâmée d’Italie ! plus d’échos pour les propos d’amour, pour le murmure des baisers dans l’ombre ou le frissonnement complice des rideaux, le vol furtif des pas qu’on aime sur le cèdre endormi des parquets, ou le bruit perfide et tremblant des verrous ! Tout a fui de ces débris. Il n’y a de vivant, dans les tours qui se meurent, que le corbeau qui en porte le deuil, que l’orfraie qui en tinte le glas, les chauves-souris qui s’y croisent comme des flocons de suie ballottés par le vent, ou le chevreuil devenu hardi, qui regarde, le matin, dans la forêt, aux fenêtres brisées des balcons. Plus de meubles, de candélabres, de statues dans les salles ! plus rien qui sente l’homme ! De longues toiles d’araignées, déchirées par la bise ou la poussière des plafonds qui tombent, ont succédé de toutes parts aux grappes découpées des lustres, et, le long des murailles dégarnies, quelques taches verdâtres, quelques plaques d’une mousse humide, rem-