Mornstein, le fameux alpiniste dont s’était enorgueillie, durant plusieurs années, l’armée prussienne.
Intéressé malgré lui, le jeune homme parcourut distraitement l’article, éprouvant une réelle satisfaction à y trouver la confirmation de la nouvelle dont s’était réjoui le soi-disant M. Dubreuil…
Le maître d’hôtel, en ce moment, s’approcha pour le prévenir que les communiqués étaient affichés dans le hall.
Lui montrant alors la revue qu’il tenait à la main, le jeune homme demanda :
— Cela a dû faire beaucoup de bruit, dans la région, cette mort du commandant von Mornstein ?…
— Ah ! oui… dit l’autre on riant… je sais !… et monsieur n’est pas le premier qui m’en parle… Eh bien ! non, monsieur, la mort du commandant Mornstein n’a fait aucun bruit dans la région… par la bonne raison, que, dans la région, il y a deux ans au moins qu’il n’y a eu aucun accident de montagne… Les journaux allemands ont été mal renseignés… ou bien ils avaient quelque bon motif pour publier cette nouvelle-là…
— Quel motif ! interrogea le jeune homme…
Mais l’autre, soudainement réservé, déclara :
— La Suisse est pays neutre, monsieur, et je manquerais à la neutralité de mon pays en me laissant aller à des réflexions désobligeantes pour l’une quelconque des nations belligérantes…
Et il s’éloigna plein de dignité…