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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/128

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

pas s’il est venu au Landier depuis votre départ. Il n’a pas mangé chez nous depuis plusieurs jours. Nous ne sommes pas tranquilles. Enfin, vous savez comment il est »…

Le reste de la lettre flottait dans les brumes.

Mais quelques phrases précises étaient devant ses yeux : « C’est sur les hommes que ça tombe… Il n’a pas mangé chez nous depuis plusieurs jours »…

Ce qui l’inquiétait surtout était qu’il ne couchât plus dans le grenier, devenu sa chambre, où il avait ses affaires à lui, où il venait se raser. Bien sûr, il avait pu être repris par ses habitudes vagabondes, tout simplement.

La vision d’autrefois revint, les lettres dorées sur le marbre, qu’elle chassa comme laide et brutale et dénuée de fondement. Elle se reconnut dans ce besoin de tout dramatiser.

Elle partit le soir même, chercha en vain à prendre un peu de repos pendant la longue nuit, à la cadence broyée du train à laquelle elle s’efforça de ne point prêter de lugubres prophéties. Son cerveau s’étirait aussi en longs rails d’acier que martelait une seule pensée : « Ici repose ». La voie semblait toute en descentes affreuses. Il fallait se