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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/137

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

paroles. Enfin, il s’approcha du lit, con­sidéra le malade, prit son pouls, l’ausculta.

— Oui, la grippe, compliquée de pneu­monie. La crise a l’air d’être passée, mais il y a une rechute à craindre, à cause de cette imprudence. Le gaillard doit être solide. Sitôt la fièvre tombée, il faudra l’alimenter. Son épuisement est incroyable.

Ève l’écoutait avec un soin profond, sous un air un peu détaché.

Quand il eut fini, elle parut oublier le malade pour ne s’intéresser qu’au sauveur, prépara le thé, qu’elle servit sur une petite table garnie d’une nappe délicate, devant le feu.

Il bavarda pendant plus d’une heure, et elle crut qu’il ne s’en irait jamais, mais il fallait qu’il eût le désir de revenir.

En prenant congé, il leva sa canne dans la direction de Grand-Louis :

— C’est vous qui allez soigner ce gaillard-là ? Il a de la chance ! Attention de ne pas l’approcher de trop près. La grippe est contagieuse.

Il disait « gaillard » avec une sorte de désinvolture méprisante, et il y avait dans sa voix un mélange de bienveillance, de curiosité, peut-être d’insinuation. Mais Ève