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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/141

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

— Si ce sont là vos arguments, Docteur, je garde le Grand-Louis. Avec votre aide, nous le tirerons d’affaire.

Madec vint un jour le raser et pendant qu’il y était, il s’attaqua à l’épaisse chevelure, et mit à nu une large cicatrice qui traversait un côté de la tête, de l’oreille à la tempe.

M. de Pontbihan passa le doigt dessus, l’examina.

— Ah ! voilà probablement la clef de l’énigme. Je pensais bien que je n’avais pas affaire à un loufoque de naissance. Dans son cas, c’est surtout la faculté du langage et celle de la mémoire qui paraissent touchées. Je me demande ce qu’en pense­rait mon ami Le Stanff.

Il faisait allusion à un chirurgien fameux.

Ève n’avait jamais songé à une interven­tion chirurgicale. Elle avait espéré, à force de patience et de soins, diminuer le terrible fossé, sinon ramener Grand-Louis à l’état normal.

M. de Pontbihan reprit, avec un peu plus de sympathie dans la voix qui jusqu’alors parlait de l’Innocent avec une certaine gouaillerie, due surtout à son humeur ja­louse d’homme vieillissant, cramponné à l’illusion qu’il peut encore plaire, contre un rival plus jeune, et peut-être aimé.