temps des incursions dans un domaine trop intime, et il fallait être sur ses gardes.
Ève eût représenté pour lui une aventure d’arrière-saison souhaitable. Elle était au-dessus de l’opinion : il ne courait pas le risque de la compromettre. Si elle avait accepté ses attentions, elle n’était pas femme à rejeter la responsabilité de ses actes.
Ce qui l’avait tenu dans le chemin de la vertu, depuis qu’il habitait Port-Navalo, était la crainte des scandales, des réclamations ou des jérémiades. Il veillait avec soin à ce que le repos de sa vie égoïste ne fût pas troublé. Cette préoccupation se lisait sur sa physionomie. Il avait toujours l’air de regarder à travers des persiennes pour voir si quelqu’un dans la rue ne menaçait pas sa quiétude.
Rien n’échappait à Ève de ses manœuvres où la hardiesse se mêlait à la prudence, où la brutalité des desseins se cachait sous la courtoisie des paroles, où une déclaration qui l’eût engagé finissait bien vite en plaisanterie.
Quand il comprit que son ambiguïté de propos, de regards, de gestes et en somme d’intentions, ne le mènerait à rien, il abandonna la tactique. Il était philosophe. Cette femme intelligente, vivante, d’esprit original, était une précieuse relation dans