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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/147

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

le désert de Port-Navalo. Il ne voulait pas la perdre. Ils devinrent amis.

Il était agréable, au retour de la chasse, de passer le seuil de sa maison, d’y respirer une atmosphère différente, de venir allonger ses bottes devant le feu et d’être accueilli d’une parole plaisante, surtout quand il n’avait pas hâte de rentrer chez lui, les jours où l’humeur de la jeune servante sentait l’orage.

Ève n’avait jamais paru s’apercevoir de ses discours équivoques, ni prendre ombrage de son attitude, de sorte qu’il n’y eut ni sentiment de gêne d’un côté, ni rancune de l’autre. Elle l’accepta comme un bonhom­me bienveillant vis-à-vis du monde en géné­ral, susceptible de bonté, un peu hypocrite, un peu faible, et qu’il lui plaisait de deviner sensible à son charme.

Grand-Louis et lui ne s’aimaient guère, et ce sentiment était tout instinct chez l’Innocent.

Chez le docteur, il y avait une jalousie irraisonnée contre celui qu’il enviait d’être jeune encore et à qui il en voulait de sa condition même qui lui attirait le cœur des femmes.

Il affectait d’oublier son nom, de l’appeler le grand gaillard, de parler de lui en sa