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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/15

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II


Ce fut pour peu de temps. La lande la reprit.

Quelqu’un était là derrière les volets… La mer et le vent suspendaient leur plainte entrelacée, qui montait de la fosse des ténèbres comme un double gémissement, et dans le silence, quelqu’un respirait.

Cela se passait tout près d’elle, à travers le mur. Il y avait là un géant d’ombre et de malfaisance. Il tâtait chaque panneau de bois, essayait ses ongles sur les rainures. Aucune violence. Mais la ruse était plus redoutable.

Ève porta la main à sa gorge. Inutile d’appeler. Le lointain village dormait.

Elle souffla la lampe. Son cœur battait avec violence contre la table. Le feu faisait une tache rouge dans la cheminée.