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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/16

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Le bruit se rapprocha. Les mains pal­pèrent son visage, pressèrent son crâne. Les volets étaient massifs, les fenêtres hautes, la porte à peu près impossible à forcer. Qu’avait-elle à craindre ?

C’était la lande qui se personnifiait ainsi dans le rôdeur invisible. C’était la peur accumulée au fond de ses veines, depuis tant de soirs, qui maintenant prenait cette forme. Elle se sentit paralysée de tous les membres, dans le tombeau de pierre de la maison, et cette peur seule vivait en elle.

On faisait le tour des fenêtres, on essayait chaque volet l’un après l’autre. Un souffle passait par les fentes. Mille mains se pla­quaient sur les murs. Une lenteur prudente et féline commandait aux mouvements de l’inconnu. Il s’arrêta à la porte, l’ébranla doucement, tourna la poignée, tâta la serrure et les gonds. Puis le silence se fit. On ne bougeait pas.

Ève ralluma la lampe. La bête de la peur gisait à ses pieds. La jungle blanche, inspi­ratrice d’énergie, avait vaincu. La lande mâtée reculait vers la mer. À pas un peu rigides, elle alla à la porte, tourna d’un seul mouvement la clef.

La lumière tomba sur une haute silhouette. L’homme n’eut pas un geste de recul. Ses