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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/178

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Il lui arrivait aussi de se tourner vers elle avec un désespoir éperdu. Il ne pouvait alors maîtriser le tremblement de ses fortes lèvres.

— Je suis vivant, n’est-ce-pas ? Vous n’êtes pas un rêve. Ah ! comprendre, se rappeler… Il me semble qu’on m’a assommé, jeté dans un fossé, et que je ne peux en sortir ?

Elle luttait contre le frisson que ces paroles faisaient courir entre ses épaules. Elle ne pouvait lui dire qu’elle aussi, parfois, se demandait s’il n’était pas une légende de la lande, un fantôme qui se dissiperait avec la brume.

La rêverie ne leur valait rien. Elle se levait, l’entraînait dans l’action.

Ils passèrent un été de vagabondages insouciants et de pêches fructueuses. Ils devinrent deux êtres de plein air, alertes, bronzés, absorbant du soleil et de la brise par tous les pores.