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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/18

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III


Des mois passèrent. L’acclimatation se fit. La jungle blanche dressait encore sa toile de fond dans le souvenir. À l’évoquer, l’âme nostalgique n’était plus qu’un pin enchanté dans la rafale, au haut d’une falaise.

L’air diaphane ruisselait de sons, de cou­leurs et d’odeurs, faisait tinter ses coraux. Tout se mêlait dans une pâle harmonie, et on ne savait plus à quel sens s’adressait chaque élément dont elle était faite. Le contact de la neige sur le visage saisissait comme un parfum. Le Nord encore une fois régnait. Il imposait son vertige. On se jetait, avec une ivresse triste, dans ses plaines. Le monde, pulvérisé, n’avait plus de confins. Un brouillard s’étendait jusqu’à l’horizon. La tempête dressait son archi­tecture forestière dans les espaces, des troncs