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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/180

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

de l’amour, et connaissaient toutes les feintes des marchandages.

Elle qui n’avait pas oublié le rythme de la passion, la courbe du battement des cœurs, n’aurait qu’à le guider sur une pente facile, qu’à se jeter à son cou, qu’à fondre entre ses bras, ou simplement qu’à ne plus se défendre.

Mais toutes ses idées préconçues dressaient devant elle leur formidable barrière. L’ata­visme édictait sa loi.

On ne va pas au-devant de l’amour comme au-devant d’une proie.

Au haut de la route blanche, la femme attend.

Y attirer l’Innocent lui aurait semblé non seulement un manque de délicatesse et pres­que de décence, mais la violation d’un libre arbitre, le cambriolage d’une âme humaine.

Il devait venir à elle en pleine conscience et de plein gré.

Elle ne voulait pas qu’il succombât à cet instinct qui le faisait parfois la serrer contre lui dans une étreinte farouche.

Dans les grands espaces ravagés de sa raison, il fallait qu’il entendît l’appel divin, et que, l’ayant entendu, il eût la volonté de le suivre.