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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Il restait debout, adossé à la cheminée, soutenant de ses épaules la charpente alourdie de la maison. Il fumait son cigare, ayant l’air de réfléchir. Elle avait hâte qu’il eût fini. Cette pose était pour elle puissamment, douloureusement évocatrice. Était-ce bien lui qui se tenait à quelques pas d’elle… ou l’autre ?

Son immobilité et son silence auxquels elle ne trouvait rien d’anormal en temps ordinaire lui pesèrent. Elle les sentit chargés d’une signification nouvelle.

Généralement, elle reprenait son calme en puisant à son regard. Par leurs yeux, leurs deux êtres se joignaient, se pénétraient, se mêlaient comme de fluides eaux.

Mais dans la quasi-obscurité, elle pouvait à peine distinguer son visage qui lui parut la tache blanche d’un masque, avec les deux trous des orbites. Cette bouche d’ombre allait se prononcer sur son sort.

Et tour à tour, il lui semblait se rapprocher ou s’éloigner fabuleusement, parfois n’être plus qu’une silhouette vague à l’autre bout de la chambre, parfois une forme massive penchée au-dessus d’elle.

Elle s’était tue si longtemps qu’elle n’osa élever la voix. C’est en dedans qu’elle lui parlait :