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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/30

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

pour le moment sa tête ne bourdonnait que du sifflement contradictoire du vent.

Elle prit un bougeoir, jeta une cape sur ses épaules, lui fit signe de la suivre le long de la maison jusqu’à l’escalier de pierre. Elle criait : « Vite, vite ! » et il se hâtait sur ses pas.

Elle ouvrit la porte du grenier, fit de la lumière. La longue pièce s’éclaira faiblement. Les ardoises du toit remuaient comme des feuilles sèches. Il y avait, du côté de la mer, en face de la lucarne, une table de sapin, une chaise, un lit de fer, toute une cellule de cénobite au haut du monde. À l’autre bout, un tas de foin laissé par les anciens propriétaires et encore odorant de l’été.

Elle venait là quelquefois regarder le large, ou suivre l’escadre dans son déploiement, les jours d’exercices de tir, rêver, écrire, et souvent dans la journée elle s’y était endormie. La maison vibrait comme un navire.

— Je crois que vous serez bien ici pour cette nuit, Grand-Louis, murmura-t-elle. Couchez-vous… Voyez, il y a une bonne couverture. Vous fermerez la porte après moi, n’est-ce pas ?… Bonne nuit.

Elle descendit les marches en trébuchant. Le vent essayait de décoiffer la guérite.