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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/29

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

mouvement. Il ouvrit les yeux. Sa pensée se ramassa au fond de son regard. Alors il se leva, comprenant sans doute qu’on allait le chasser, ouvrit d’un geste brusque la porte. La lumière vacilla. Ève dut l’abriter de la main.

La pluie et le vent et l’écume de la mer se rencontraient au-dessus de la lande et se livraient un combat terrible. Nul ne consentait à s’abattre, quoique n’en pouvant plus, et cela faisait, à une faible hauteur, un bruit de toiles gonflées, secouées, mêlées et qui se déchiraient les unes les autres.

— Où allez-vous coucher ? cria-t-elle.

Avait-il entendu ? Il fit un geste vague dans la direction de la côte, où pourtant il ne fallait pas chercher d’abri, et dont on distinguait la bordure de rochers battus par la mer.

Elle le vit s’enfoncer dans la pluie et sa vareuse mouillée collait déjà à son dos.

Soudain, sa décision fut prise.

— Attendez… Vous n’allez pas rester sous ce temps.

Il fallut le tirer en arrière par la manche, non qu’il refusât son offre, mais le sens des paroles humaines n’arrivait sans doute à son cerveau qu’après de longs détours, et