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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/43

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

— Plus de pain, plus de viande, plus de poisson…

Il s’étonnait que le miracle de la table mise, du pain multiplié chaque fois qu’il rentrait, ne se produisît plus aujourd’hui.

Ève, avec sa versatilité ordinaire, abandonna son stratagème.

— Voyons, tout de même, si les naufragés que nous sommes ne trouverons rien sur le radeau de la lande.

Elle parlait haut, gaîment.

Lui ne comprenait pas toutes ses paroles, mais il en saisissait toujours le sens caché, qui cette fois était une allégresse mêlée de contrition.

Montée sur une chaise, elle inspecta le buffet. Par elle ne savait quel obscur et complexe scrupule, elle n’avait pas voulu lui mentir : il ne restait ni pain, ni viande, ni poisson.

Sur l’étagère du haut, elle découvrit des biscuits, une boîte de conserve, un pot de confiture anglaise, du thé chinois, et elle mettait ses trouvailles dans les bras tendus de Grand-Louis qui riait de plaisir.

Ils demeurèrent longtemps après le repas, les coudes sur la nappe, leurs regards se