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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/62

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

dont quelques-uns l’avaient accompagnée là-bas.

Elle commença par celui de ce frère unique et chéri, tombé au champ d’honneur. Grand-Louis saisit le portrait, le pencha vers la lampe, étudia attentivement l’uniforme. Son regard s’arrêtait à peine sur le visage. On suivait sur sa physionomie un effort intense. Ève se tenait immobile, l’haleine en suspens, le cœur comprimé dans sa poitrine. Quand son attention parut se détendre, elle mit sous ses yeux les tristes reliques : la croix de guerre, un casque, un sifflet attaché à un cordon de cuir, une musette décolorée.

Hélas, il y avait d’autres souvenirs plus poignants encore…

Elle possédait, roulé dans un tiroir, un tableau noir qui était resté jusqu’au dernier moment cloué sur le mur de sa chambre d’étudiant, dans la maison natale, et sur lequel le jeune homme, à sa dernière permission, s’était amusé à tracer des figures de géométrie… Personne n’avait eu le courage de les effacer…

Grand-Louis passa une main qui tremblait sur le casque, porta le sifflet à ses lèvres. Il y eut dans la chaumière un triste huhulement qui semblait venir de la lande et qui les fit sursauter tous les deux.