Aller au contenu

Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Il paraissait souffrir. Ses sourcils étaient rapprochés et ses yeux un peu égarés. Il avait le halètement des jours d’émoi.

Ève pensa que l’épreuve avait assez duré. Quand elle voulut ranger la photographie, il fit un geste de protestation, croisa dessus ses deux mains.

— C’est assez pour ce soir, n’est-ce pas, Grand-Louis ? Demain nous la regarderons encore.

Comme il conservait son air obstiné, elle revint aux paroles familières, à la salutation de chaque soir, se leva pour allumer la bou­gie, ainsi qu’elle faisait d’habitude, et dit lentement :

— Grand-Louis, il est l’heure.

Il la regarda, desserra les doigts, et s’en alla avec docilité.

Elle était heureuse elle-même de remettre à plus tard la suite de l’expérience. Elle avait encore d’autres photographies à sou­mettre, le portrait de jeunes femmes de ses amies, de beaucoup de femmes, quelques-unes aux belles épaules nues dans la robe de soirée, quelques-unes en robes de ville déjà démodées, la plupart dans la simplicité de leurs costumes de sport et de leurs cheveux courts.