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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/71

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

force merveilleuse dont il venait de prendre conscience. On eût dit qu’une fièvre mon­tait à ses pommettes.

— Il faudrait coucher ce garçon, dit Ève. Ne le laissez pas trop s’agiter. Vous feriez mieux d’aller chercher le médecin.

Grand-Louis se tenait en arrière du groupe. Personne ne songeait à lui. La mère n’eut pas un mot de remerciement. Et comme lui-même avait repris son air de ne pas comprendre, il se pouvait qu’il eût oublié le rôle qu’il venait de jouer dans le drame. Il regardait avec embarras ses vêtements mouillés.

Les deux femmes, dont les visages ruisse­laient encore de larmes, encadraient le res­capé, en le soutenant un peu, malgré qu’il s’en défendît, et s’éloignèrent dans la direc­tion du village.

Ève eut un sourire de tendresse pour le Grand-Louis.

Elle lui prit le bras. Ils revinrent par la lande. Elle avait hâte de faire flamber le feu pour lui, de sécher ses vêtements, et de préparer le repas qu’elle lui servirait debout, ce soir-là.

Elle ne put s’endormir, les nerfs à vif. Tout éveillée, elle voyait dans la nuit claire