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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/85

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Grand-Louis, debout à l’avant, s’était déjà mis à pêcher, tapant à grands coups dans l’eau transparente au fond de laquelle on voyait des touffes de varech où gîtaient les anguilles.

Ève essaya de l’imiter.

L’homme travaillait sans reprendre ha­leine. Le poisson ne donnait pas. Quand il en sentait un au bout de sa fouine, il faisait : « Ha ! » en appuyant dessus, le sortait de l’eau d’un coup sec. L’anguille frétillait furieusement. Il fallait alors la décrocher, la faire entrer dans le coffre.

Elle se décourageait. Elle n’avait encore rien pris. Une douleur la tenaillait déjà à l’épaule et elle avait à la main droite des ampoules qu’elle montra piteusement à Grand-Louis. Il ramassa une poignée de goëmon trempée d’eau de mer, et l’entor­tilla autour de ses doigts. Elle sentit moins la brûlure des ampoules. Tout de même, la tâche était rude.

Au moment où d’un geste machinal elle donnait un dernier coup de fouine, elle sentit quelque chose se débattre au bout et tira hors de l’eau une anguille argentée, trans­percée et frétillante qui s’enroulait autour des ergots.

Elle poussa un cri aigu et Grand-Louis vint à son aide. Sa fatigue fut oubliée. Ils