Page:Le Franc - L'âme maternelle - nouvelle canadienne inédite, Album universel, 8 décembre 1906.djvu/4

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des parties de bridge, toutes choses très « exciting », comme tu dis si bien, dans le jargon à la mode. Tu vivras pour les salons, les salons des autres surtout, pour la rue, pour la parade, pour les endroits où l’on se montre, si on ne s’y amuse pas toujours. Tu seras de celles qui « n’ont jamais le temps » ! entendons-nous, pour les choses sérieuses. Ah ! les folles qui se moquent des autres, et qui devraient se moquer d’elles d’abord. Ont-elles assez ri, la belle Mme  Romieux, ma femme, et l’élégante Jeanne Romieux, ma fille, l’autre jour à table devant nos invités, — elles ne rient de bon cœur que lorsqu’il y a des invités — en rapportant la réponse de Louise, la cuisinière, interrogée par elles sur les joies de ses fiançailles. « Ah ! madame, a dit cette fille, pensez si je suis heureuse ! Jules va m’acheter une bague à trois diamants, chez Birks, — à-trois-diamants, et chez Birks, c’est la mode ! — et il m’a promis pour mon mariage un « set » en écureuil, une garniture de toilette avec mes initiales, les pyjamas pâles… »

Des pyjamas pâ-â-les !

Et de s’esclaffer ! Se doutaient-elles qu’elles condamnaient leur propre sottise et leur propre vanité ? Au lieu de rêver la bague à trois diamants de chez Birks, elles guignent la rivière, au lieu du « set » d’écureuil vendu au rabais chez un petit marchand, elles veulent le manteau de vison chez Handerson ; la garniture de toilette