Page:Le Franc - Le destin - nouvelle canadienne inédite, Album universel, 25 août 1906.djvu/19

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d’ivoire sculpté de Maurice Richard lui sembla l’image même du sort implacable qui les poussait vers deux mondes différents. Il n’y avait encore entre eux qu’une balustrade de train, ils pouvaient encore se jeter dans les bras l’un de l’autre, et cependant, c’était comme si un océan les séparait déjà.

Au moment où la cloche du départ retentit, Maurice s’élança sur la plate-forme, pressa sa main inerte en disant d’une voix ferme : Au revoir !

Elle eut le courage de répondre aussi : au revoir ! mais elle savait que c’était bien fini, qu’elle ne le reverrait plus, et le train s’enfonça dans la nuit, roula sur son pauvre cœur saignant et l’emporta comme une proie vers son destin.

MARIE Le FRANC