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Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/123

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visages de montréal

mer sa femme ? » les jeunes gens se précipitent sur les monitrices. Elles ne font jamais tapisserie. Le jeu de la conversation est plus amusant que les conférences artistiques. Au bout d’une demi-heure, on en est encore aux statues du vestibule, et la visite des salles n’est pas commencée. Alors peu à peu, par petits groupes, on se glisse entre les palmiers vers la sortie. En route pour l’ice-cream parlor, le swimming-pool, la promenade autour de Hill-Park en char doré ! Les plus calmes vont au cinéma ou chez le coiffeur. Les angoissées vont acheter des tomates et de la laitue dans les petites rues avoisinantes. Il ne reste autour du conférencier aphone, qui éponge son visage rouge, que des dames défraîchies à lunettes, celles qui préparent leur maîtrise et notent sur leur cahier à couverture de maroquin un nombre extraordinaire de nouvelles expressions d’art.


Clair de lune d’août. Jeannine en robe blanche promène sur le campus Nanki et le sauvage Wolf, une nouvelle acquisition, qu’il faut dresser aux manières des villes. Une amie l’accompagne, en manteau de satin noir, étroite, effacée, si maigre d’avoir depuis tant d’hivers promené dans la neige de gaillards petits Anglais et tobogganné sur les flancs de Hill-Park en leur scandant dans la rafale : « Je glisse, vous glissez, nous glissons. »