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Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/124

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marie le franc

Quand elle n’est pas trop hors d’haleine, elle ajoute même, pour s’amuser, un adverbe : « Ver-ti-gi-neu-se-ment ». Elle s’est un peu étoffée durant l’été parce qu’elle a lunché au Prince of Wales en échange de sa conversation. Elle a discuté, entre deux rondelles de concombre au vinaigre, la question des dettes interalliées. Son langage est tout à fait diplôme de fin d’études secondaires. Celui de Jeannine est ce soir assagi et pur, à cause du clair de lune. En arrière du campus, il y a un petit chemin où personne ne passe, un chemin sur lequel des pierres campagnardes roulent. D’un côté, une haute rampe gazonnée le borde. Au sommet sont juchées des serres et une maisonnette de jardinier avec des Dutchman’s pipes qui grimpent jusqu’au toit. Un escalier de bois, encore chaud de soleil, escalade la rampe, marquant midi sous le clair de lune. Les deux amies s’assoient sur la plus haute marche, à l’abri des serres. Nanki est vieille. Cela la fatiguerait d’aller plus loin. Wolf-le-Magnifique dresse ses oreilles pointues au haut de la rampe et fait les cornes à la lune. On se croirait en pleine campagne, une campagne qui n’aurait pas de nationalité. On laisse derrière soi le Physical Building qui est d’architecture romane, le Medical Building qui a des pilastres corinthiens, le Theological Building qui reproduit la chapelle d’Oxford. On est entouré