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Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/175

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visages de montréal

sous l’abat-jour de la petite table à un seul couvert à laquelle vous serez assis, en songeant aux innombrables rendez-vous auxquels vous fûtes fidèle, aux innombrables transactions que vous aurez entreprises ou conclues, aux futurs voyages que vous aurez, dès cette première journée, amorcés, et à la partie de bridge déjà organisée où vous retrouverez tout à l’heure vos anciens partenaires. Tout votre grand corps en repos, pourtant si droit, exprimera, au moment du dessert, le contentement. Il semble qu’il n’y ait au monde bonheur plus parfait que de fumer une cigarette en écoutant l’orchestre jouer un de vos morceaux favoris, comme s’il eût reconnu votre présence. Cet hôtel vous appartient. Vous pouvez faire comprendre vos désirs d’un signe discret au chef d’orchestre, au gérant, au chasseur, à la vendeuse de cigarettes dont la fine personne se glisse avec aisance parmi les dîneurs. Elle a l’air d’une jeune fille du monde qui offre des fleurs dans une vente de charité. Vous aurez pour elle un mot qui sera en même temps badin et sérieux, familier et distant, protecteur et amical. Elle vous sourira par-dessus son éventaire, mais vous saluera gravement d’un « Good evening, sir ! »

Quel est le secret de l’empire que vous exercez sur cette troupe généralement désinvolte de palace-hôtel ? Non celui de l’argent. Il y a dans cette salle