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Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/230

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marie le franc

valente, peut-être par pudeur, mais insistant sur ce tout à fait pour me convaincre qu’il ne s’agissait pas d’enfantillages.

— Les spécialistes peuvent bien continuer leurs tests ! Bien sûr, il y a quelque chose, plusieurs choses, des tas de choses qui sont empoisonnées. Rappelez-vous : je suis Annabel Randolph, et ma mère était comme nous disons née Murray. Mais ce n’est pas ça qui me tue…

Son regard fixe ne voyait plus le portrait de son mari, et le traversait, en proie à des visions.

— Je ne devrais pas retourner à Londres…

Elle répéta en anglais : I should not, et cela pesa lourdement sur ses lèvres puis s’arrêta, la tête pendant au bord d’un abîme, les cheveux cachant son visage et je n’eus pas à craindre qu’elle ne se laissât aller à des confidences qui eussent pu horriblement déchirer le voile complexe, à la fois tragique et mystique, dont elle demeurait enveloppée.


Une solution inattendue se présenta : une amie de sa mère, qui habitait sur les hauteurs de la ville une ancienne seigneurie entourée d’un pan de forêt laurentienne, lui offrait l’hospitalité. Annabel finirait de s’y remettre. Elle y recevrait tous les soins que réclamait son état et sous des formes discrètes l’appui moral dont elle avait besoin. Tout en respirant l’air de la montagne au milieu