Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/35

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Épaves.

— Je vous présente mon cousin, le prince Stépanovski.

La voix s’éteignit dans une sorte de rire où se mêlaient la fierté et l’attente. Une femme, ayant prononcé ces paroles, s’effaça. Elle cessait d’exister du moment qu’elle les avait dites. Le silence joua le rôle d’une eau qui se referme sur une noyée. Son rire monta quelque temps dans l’air comme une dernière bulle.

Le prince franchissait la porte. À sa vue, une angoisse obscure vous saisissait qu’on tâchait de restreindre à cet encadrement de porte. Le visiteur paraissait de taille extraordinaire : n’allait-il pas s’y cogner la tête ? Un prince entrait, traînant à sa suite des histoires royales : on le voyait se défonçant le crâne au passage d’une porte basse.

On se redressait en même temps que lui. On essayait de maîtriser son étonnement, de cacher qu’on était impressionné. L’angoisse qu’on avait