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Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/37

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visages de montréal

dans ce prince. Il tenait, dans un geste de grand fauconnier, ce poing ganté de gris haut levé, appuyé sur le jonc à bande d’argent.

Quelqu’un voulut l’en débarrasser, le laissa tomber maladroitement à terre.

La cousine fut la première à le ramasser, le lui remit entre les mains.

— Mon cousin ne se sépare pas de sa canne, dit-elle. Il avait tellement l’habitude de la cravache, en Russie.

La phrase s’éteignit dans le même rire défait…


On parla de l’hiver canadien. Comme les conversations ordinaires n’étaient plus à l’échelle de ce visiteur, on introduisit dans le salon l’hiver lustré et inoffensif dont les pattes bottées de neige laissèrent des empreintes sur le tapis. On lui caressa l’échine, on lui fit faire le tour de la pièce, entre les meubles victoriens, et renifler l’odeur d’eau croupie et fumante que dégageaient les calorifères. Après, il fallut le renvoyer des cerveaux vides. Cependant, il avait servi d’amorce à la conversation.

— En Russie, l’hiver…

La cousine venait aimablement au-devant des propos en se posant sur le bord de son siège, les mains retombant à la hauteur des bras du fauteuil, ainsi que des ex-voto de cire, auxquels pen-