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Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/41

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visages de montréal

rait des discours qui lui ressemblaient : carrés, pesants, substantiels, sur lesquels il eût pu jurer, en levant la main, comme sur une bible. On voyait, dans une corbeille plate, la pile des journaux de la semaine, et par-dessus, un livre à couverture jaune, ouvert, face renversée : La Madone des sleepings.

Le ministre s’assit dans un fauteuil de cuir. Le prince aux flancs maigres sortit de sa poche un portefeuille. Il dut s’exprimer dans un anglais appliqué que Sir John écouta en tendant sa bonne oreille, avec l’impression qu’il était devenu complètement sourd. Cela l’indisposa un peu. Heureusement qu’il savait d’avance de quoi il s’agissait. Le prince était l’émissaire d’une société française qui envisageait la création d’usines au Canada pour l’exploitation industrielle des immenses toundras du nord, selon un procédé nouveau. Il fallait d’abord faire patenter le brevet au ministère des mines. Comme il attendait vainement une réponse depuis des semaines, il tentait près du ministre une démarche personnelle.

Il dut recourir à de nombreuses explications. Sir John avait allumé sa pipe, lui faisait répéter une formule, discutait le procédé d’extraction, critiquait un article des statuts.

Au bout d’une heure, il secoua lentement sa pipe dans le cendrier. Le prince, hypnotisé, suivait