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visages de montréal

Au bruit de l’explosion, elle tressauta, se retourna vers lui :

— Oh ! vous m’avez fait peur. Quel taquin vous êtes !

Il continuait à se tenir rigidement sur sa chaise. Il n’avait pas le visage de celui qui vient de se livrer à une plaisanterie. Son expression n’était rien moins que joueuse et son œil unique regardait par-dessus la nappe de papier dans la direction de la fenêtre qui béait, au ras du toit, on ne savait sur quel gouffre.


Rien ne venait du ministère. La cousine se mit à chercher des leçons. Elle fit visite aux Français de la colonie qui enseignaient dans des établissements publics et dont le consulat lui avait donné l’adresse. Elle se présentait avec une désinvolture qui masquait sa timidité. Il fallait à tout prix réussir. Elle annonçait sa visite par téléphone, se recommandait du président de l’Œuvre française, donnait tout entier son nom : Marie-Louise Fourcade de Chantenay du Tracy. À cause de sa longueur, il faisait sur le moment l’effet d’un titre officiel ou honorifique. Pour un peu, on eût cru Marie-Louise Fourcade de Chantenay du Tracy chargée de mission. Il fallait bien trouver un moment pour la recevoir.

Elle arrivait. Elle ne vous indisposait pas au