Page:Le Goffic-Thieulin - Nouveau Traité de versification française, 1897.djvu/14

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ne le savons pas ; elle ne nous est sensible que par les formes qu’elle revêt, et ce sont ces formes seules que nous pouvons étudier, le poète, pour communiquer ses impressions, étant tenu de soumettre son langage à un rythme[1] particulier. Dans toute langue, il est vrai, un poème se compose de périodes rythmiques, semblables ou différentes les unes des autres, que l’on appelle vers. Mais suivant le goût, la prononciation, les habitudes de chaque peuple, l’harmonie du vers lui-même peut être établie de différentes façons. Nous nous proposons d’examiner ici les procédés dont se sert la langue française pour constituer le vers. Ce sera l’objet des autres chapitres. Tout d’abord il nous a paru nécessaire de remonter jusqu’à l’origine du vers français et d’en raconter brièvement les transformations.


I


Notre langue étant sortie du latin, c’est à cette source qu’il faut chercher l’origine du vers français.

Nous trouvons en usage à Rome deux genres de versification : la versification populaire et la versification classique. Elles sont fort différentes l’une de l’autre ; et cependant des savants, également autorisés, ont rattaché la nôtre à chacun de ces deux systèmes.

1re Hypothèse : La versification française dériverait de la versification latine populaire. — Dans la versification latine populaire, le rythme reposait sur l’accent tonique[2]. On appelle accent tonique l’élévation ou le

  1. Le rythme (du grec ρυθμός mouvement réglé et cadencé) est l’effet produit par une combinaison harmonieuse de sons.
  2. Suivant M. Plessis, ce système ne daterait que du iiie siècle après J.-C.