Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/125

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ne paraisse point lui avoir jamais été bien sympathique. « Je viens de sentir la vie atteinte et tarie dans sa source, dit-il en portant la main à son cœur ; ce n’est plus qu’une question de mois. » La mort de Ballanche, qu’il chérissait profondément, lui fut un nouveau coup. « Depuis lors, dit l’abbé Deguerry, curé de Saint-Eustache, qui l’assista dans sa maladie, M. de Chateaubriand ne sembla plus descendre, mais se précipiter au tombeau. » Il conserva pourtant sa connaissance jusqu’à la fin[1], qui arriva le 3 juillet 1848 à huit heures du matin. Son neveu, le comte Louis de Chateaubriand, Mme Récamier, Ampère, Déranger et l’inévitable Adophe Pâques étaient dans la chambre avec une religieuse et l’abbé Deguerry. « Peu d’instants avant sa mort, écrivait au Journal des Débats l’abbé Deguerry, M. de Chateaubriand, qui avait été administré dimanche dernier, embrassait encore la croix avec l’émotion d’une foi vive et d’une ferme confiance… Un prêtre, une sœur de charité étaient agenouillés au pied du lit au moment où il expirait. » À ce moment, Mme Récamier, saisie d’une crise violente, se jeta sur le corps de Chateaubriand et l’appela

    toufles de maroquin vert ; Victor allait se retirer, mais il le retint ; il continua sans façon de se déshabiller, défit son pantalon de molleton gris, sa chemise, son gilet de flanelle, etc. etc.»

  1. Sainte-Beuve a bien prétendu le contraire et que Chateaubriand « était, depuis trois ou quatre ans, dans un état d’affaiblissement qui avait fini par être une véritable oblitération des facultés. » M. l’abbé G. Bertrin, depuis que ceci est écrit, a démontré la parfaite bonne foi de l’abbé Deguerry (Correspondant du 10 mars 1900).