Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plusieurs fois par son nom. Quand elle eut repris le sentiment, elle se tourna vers M. Pâques et lui demanda de couper pour elle et pour les assistants quelques boucles de cheveux du défunt…

On sait le reste. Quinze jours plus tard, la dépouille mortelle de Chateaubriand, accompagnée des membres de la famille et du curé de l’église des Missions Étrangères, où avait eu lieu le premier service funèbre, arrivait à Dol de Bretagne. Une députation de la municipalité de Saint-Malo l’y attendait pour la transporter dans cette retraite définitive du Grand-Bé, sur un rocher perdu de la mer occidentale, où Chateaubriand avait voulu dormir son dernier sommeil. À deux heures dix minutes de l’après-midi, le 11 juillet 1848, le cercueil qui contenait ses restes, descendu le long d’un plan incliné par une brèche pratiquée dans le parapet du vieux fort, fut doucement déposé dans le caveau du Grand-Bé.

Une croix, une dalle, c’est tout le monument. Chateaubriand en avait fait lui-même le dessin ; il déclinait à l’avance toutes les autres sortes d’honneurs qu’on voudrait rendre à sa dépouille ; il avait compté sans M. Pâques.

Un jour que M. le vicomte s’était montré de meilleure composition que d’habitude, M. Pâques s’enhardit à lui présenter une requête.

— J’ai fait un rêve, monsieur le vicomte, dit-il à Chateaubriand.

— Contez-le moi.

— C’est que…

— Mais achevez-donc, sambleu ! Vous me faites