Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/153

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cation seule est latine ; pour le reste nous sommes des Celtes. Des Celtes, c’est-à-dire des autarchistes, comme l’amiral[1]. Mais combien dégénérés ! Et voilà, par parenthèses, pour expliquer les contradictions cruelles de notre politique, tirée à hue et à dia, inclinant par éducation vers l’étatisme et, par tempérament, vers l’individualisme.

M. Réveillère a très bien saisi cette contradiction. Il ne se flatte point qu’on la puisse résoudre. Mieux vaut choisir et ne point s’entêter dans des essais de conciliation parfaitement chimériques. Personnellement il n’hésite point : c’est vers l’individualisme, l’autarchie, qu’il prend et qu’il voudrait qu’on prît avec lui. Il estime qu’il se conforme ainsi au génie de notre race, aux instructions de l’histoire et aux prescriptions des Triades. S’il va trop loin dans cette voie, s’il ne sait point résister aux séductions du mirage celtique et d’une pensée qui semble se baigner avec délices dans l’impossible et l’absurde, ce n’est pas moi qui le lui reprocherai. Dégagée de son symbolisme et rigoureusement interprétée, la croyance druidique dans la transmigration des âmes n’est aussi bien qu’une sorte de lamarkisme ou de darwinisme d’avant la lettre. C’est quelque chose comme la doctrine de la transformation des espèces. On peut croire

  1. On ne lira point sans profit, sur cette question de nos origines, sur les progrès que l’idée celtique a faits parmi nous, la forte et décisive étude publiée par M. Jean Le Fustec dans la Revue hebdomadaire des 10 et 17 août 1901 sous le titre : la Renaissance de la Gaule au XIXe siècle. Voir aussi les brillants articles de M. Félicien Pascal dans le Journal et le Soleil.