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UN AUTARCHISTE

à la métempsycose sans être touché du cerveau. Je pense que c’est le cas de M. Réveillère.

Il s’appelle quelque part un chrétien druidisant. Voilà bien sa définition dans l’ordre métaphysique. Respectueux des hautes prescriptions morales de l’Évangile, il y joint le naturisme fervent de ces Mégalithiens celtisés dont il sort et qu’il continue. Je vois très bien ce qu’aurait été la situation de l’amiral Réveillère vers l’an 4 ou 500 de notre ère. Nourri des forts enseignements du druidisme, il eût gravi de bonne heure tous les degrés de la hiérarchie sacerdotale ; mais, le moment venu de se prononcer entre la foi de ses pères et l’évangile des nouveaux temps, il n’eût point été de ces druides apostats qui tombèrent tout d’une pièce aux pieds de Patrice en criant : « Los et victoire au fils du Jour ! » et qui peuplèrent de leur servilité les premiers séminaires de Clonfert et de Bangor ; il n’eût point déchiré sa tunique de lin blanc pour revêtir la funèbre livrée des moines : il eût tout simplement annexé Jésus au druidisme. Cela ne tirait point à conséquence en un temps où c’était le peuple qui élisait ses prêtres et qui canonisait les saints. Le sentiment populaire eût fait pour lui ce qu’il fit pour cet extraordinaire Ronan dont il nous a conté la mystérieuse odyssée. Il l’eût imposé à l’Église. Nous aurions saint Réveillère comme il y a saint Ronan.

À 1.500 ans de distance, la « face du monde » a quelque peu changé. J’ai peur que le christianisme druidique de M. Réveillère ne trouve que des indifférents