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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/158

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE LUCAS




Qui se souvient encore d’Hippolyte Lucas ? Les dictionnaires biographiques enregistrent son nom avec la date de sa naissance et de sa mort et la nomenclature de ses œuvres ; mais, ces œuvres, personne ne les lit plus.

Et pourtant Hippolyte Lucas fut presque célèbre sous la monarchie de Juillet et l’Empire. Producteur infatigable, il était tout à la fois journaliste, romancier, poète, historien, auteur dramatique et bibliothécaire. About disait spirituellement sur sa tombe que les lettres n’avaient été pour lui ni un gagne-pain, ni un moyen de parvenir, mais une fonction organique. Il écrivait comme on aspire et l’on respire. Par surcroît, ce bénédictin était un homme du monde. Il fréquentait les salons et on le voyait aussi sur le boulevard. La caricature lui avait fait un sort : elle le représentait avec un nez d’un empan, renflé du bout, copieux, agité et sonore, un nez à la Cyrano. Hyacinthe et lui possédaient les deux plus beaux nez de Paris. On prétendait que, s’étant assis un jour en face l’un de l’autre, à la même table, ils durent reculer leurs chaises pour éviter un désobligeant télescopage. Évidemment l’on exagérait ; le nez d’Hippolyte Lucas, s’il était de taille supérieure, n’excédait pas les dimensions permises. Et, d’ailleurs, la célébrité particulière qui s’était attachée à cet appendice rhom-