Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/159

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boïforme, selon les uns, dodécaédrique, selon les autres, n’a pas plus survécu que la célébrité littéraire de l’auteur de Lalla-Rouckh : Hippolyte Lucas, est aussi oublié comme nasifère que comme poète.

Il méritait mieux et les générations nouvelles trouveraient encore quelque profit à son commerce. C’est dans cette pensée, j’imagine, que M. Léo Lucas a publié, il y a trois ou quatre ans, la correspondance échangée entre son père et les personnalités éminentes (Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Sainte-Beuve, Vigny, etc.), avec lesquelles il entretint les relations les plus suivies. On y voit en quelle estime singulière le tenaient ces grands hommes : peu s’en faut qu’ils ne traitent avec lui d’égal à égal. Fidèle, à cette chère mémoire, M. Léo Lucas vient de faire un choix judicieux parmi les poésies de son père[1] et il a noué autour de ce florilège la plus attendri des préfaces. Grâces lui soient rendues ! On conçoit mieux, après avoir lu ces jolis vers, que Sainte-Beuve, sans se départir de son ordinaire impartialité envers les talents qui n’excédaient pas la moyenne, ait pu vanter leur « simplicité pleine de naturel ».

Tout en demi-teintes et en nuances, Hippolyte Lucas est surtout un élégiaque. C’est Tamour du moins qui fait la trame de ses meilleures pièces. Une piquante anecdote contée par son fils nous apprend que, bien qu’aucun nom de femme n’y soit prononcé, l’héroïne qui les inspira n’était pourtant pas une simple entité métaphysique.

  1. Heures d’amour.