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II


Un barde, voilà en effet ce que fut Quellien. Dans l’intimité, avec ses familiers, il ne s’appelait pas autrement. Il était le barde par excellence. Quelquefois même il signait : « le dernier des bardes », mais il se flattait. Loin que la source soit près de tarir où s’alimentait l’âme nostalgique du bon Quellien, je crois avoir montré que le bardisme armoricain ne fut jamais plus vivant qu’à cette heure[1]. Ploujean, la restauration du théâtre indigène et l’investiture officielle que lui donnèrent au Parlement un éloquent interpellateur, M. le marquis de l’Estourbeillon, et le rare libéralisme d’un ministre ami des lettres, M. Georges Leygues, ont plus fait pour le développement de la poésie bretonne que cinquante années de bouderie et de repliement systématique. Quellien lui-même, si jaloux de son indépendance, s’apprêtait à entrer dans la lice. « Un mystère en trois actes » Perrinaîk, sera bientôt représenté dans nos quatre diocèses bretonnants », dit-il dans la préface de Breiz, L’écrivit-il, ce mystère ? Le rêva-t-il seulement ? Ses exécuteurs testamentaires nous l’apprendront. Mais, si le mystère existe et qu’on le représente un jour, je crains qu’il ne déçoive les admirateurs du barde. Quellien, je le répète, fut surtout un élégiaque. Il possédait sur le bout du doigt sa métrique bretonne. Il savait toutes les ressources de

  1. Cf. Au cœur de la race : la langue et les bardes.