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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/194

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Jean-Marie et Jean-Louis ; une fille : Marie-Céleste[1]. Pauvre nichée à qui manquait souvent le nécessaire ! On voit encore, à Lanloup, le petit chaume branlant où Jean-Louis vint au monde, son toit de glui moussu, son pignon quadrillé à la chaux, sa porte basse et son unique fenêtre. Une plaque de marbre noir, encastrée dans la façade, le signale aux passants. Et que Hamon soit né léans, c’est ce qui cause une première surprise. Mais l’étonnement grandit à mesure qu’on avance dans l’intimité du paysage. Une nature âpre et sans sourires, d’immenses grèves toutes couvertes de ce sable blanc et tenu qui ressemble à une poussière d’ossements, des dunes mornes feutrées d’un gazon couleur de rouille, voilà le Lanloup suburbain. Plouha même est un bourg assez triste. Une population étrange l’habite : ces marins, ces pêcheurs, ces journaliers de la glèbe portent presque tous la particule : ce sont les descendants d’anciens nobles jacobites, dépouillés de leurs biens, proscrits avec les Stuart, et qui vinrent se terrer là peu après. Il leur fallut, pour vivre, adopter les façons des simples paysans : Noblans Plouha, noblans netra, « noblesse de Plouha, noblesse de rien », dit encore un proverbe breton[2].

  1. Ces renseignements généalogiques et les suivants m’ont été fournis par M. Optat Martin à qui j’adresse ici tous mes remerciements.
  2. « La petite commune de Plouha, qui n’était habitée que par de la noblesse d’une indigence superbe, se ressent encore de l’orgueilleuse misère dont leurs oisifs parchemins l’avaient incrustée (sic) — écrivait en 1794 le « citoyen » J. La Vallée. — Rien