Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/20

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Petite-Bretagne qui accompagnait Charlemagne dans ses expéditions et la Vie de saint Yves d’un jongleur du pays de Vannes que le bon official accueillit avec sa « mesnie » en son hospitalier manoir de Kermarlin ; mais le moine et le légendaire sont également muets sur les noms que portaient ce jongleur et ce ménestrel. Et l’on arrive ainsi, les mains presque vides, jusqu’au XVIIe siècle et au P. Le Maunoir, l’auteur des fameux Cantiques spirituels, sans avoir trouvé trace dans l’histoire ni du barde-clerc Kaerymell, que Quellien suscita tout exprès pour la défense de sa Perrinaïk, ni de ce brelan de poètes bretons (Yvon Troadoc, Ian Abalen, Per Coatmor et Olivier Morvan) que Souvestre nous montre attablés, « le quinzième jour du mois de décembre de l’année 1530 », à Bréhand-Loudéac, dans une salle basse du cabaret de la Résurrection. Des bardes, il y en eut certainement sans discontinuité des origines aux temps contemporains. Mais nous ne possédons sur eux que les plus vagues indices. Toujours est-il que leurs hoirs sont des manières de vagabonds qui n’ont rien à démêler avec les somptueux ollamhs, couverts d’argent et d’or, des civilisations primitives. Ils n’en vivent pas moins, tant bien que mal, du produit de leurs gwerz et de leurs sônes imprimés sur feuilles volantes ou par petits cahiers de huit pages. Souvent la chanson est anonyme. Quelquefois le nom de l’auteur se trouve dans la dernière strophe.

« Si vous voulez savoir maintenant qui a composé cette chanson, dit l’auteur du Débat entre un vieillard et un jeune garçon, c’est un pauvre homme d’esprit