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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/21

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court, nommé Yves Sourimant. » — « Sachez, dit fièrement un autre, que celui qui a composé cette chanson n’est pas un paysan : il s’appelle Pierre Derrien et il est de Morlaix. » Un troisième nous apprend « qu’il habite au bourg de Kerien et qu’il s’appelle Jacques Simon, baptisé le jour de la Circoncision de N.-S., l’an de grâce 1847 » ; ce quatrième « qu’il y a juste 283 mois qu’il est né à Plouagat et que son nom bien écrit est Gilles Mordellet ». Le fameux Yann-ar-Gwenn, surnommé Jean l’Aveugle, termine de la sorte son Débat entre un cordonnier et un sabotier : « Celui qui a rimé cet ingénieux débat en a rimé plusieurs autres. Son nom est Jean Le Guenn, et vous le voyez ordinairement à la fin de ses chansons. » Il est plus explicite encore, avec une pointe de malice, dans le couplet final de son Débat entre le Feu et l’Eau : « Celui qui a rimé ce gwerz nouveau pour le dicter à un prote et le lire ensuite [aux auditeurs] est un manant de Plouguiel, nommé Jean Le Guenn, lequel habite au bas de Crec’h Suliet. Quelle hâblerie est-ce là [direz-vous] ? Comment saurait-il lire quand ses yeux sont fermés ? Depuis l’âge de sept mois, il a cessé de voir clair. Où qu’il aille, il passe sa vie à divertir le monde. »

C’est ce même Yann-ar-Gwenn que Brizeux a mis en scène au chant XXII des Bretons :

Jean Le Guenn est assis au seuil de sa cabane ;
D’une longue tournée aux paroisses de Vanne
Il arrive, son sac dégarni de chansons,
Mais plein de beaux deniers jetant de joyeux sons.
Comme le mendiant qui vend ses patenôtres,