Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/204

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vivement les contemporains. Il n’y a pas d’exemple qu’un artiste ait atteint du premier coup la perfection. Et c’est alors qu’on vit bien clairement que tout le Hamon des dix ou douze années précédentes et depuis qu’il avait été en âge de tenir un pinceau n’avait tendu qu’à préparer le Hamon des vases pompéiens, qu’autrement la perfection qu’il avait déployée dans l’ornementation de ces vases serait demeurée inexplicable. Dans les molles attitudes, dans la fine sensualité des personnages, palpitait encore, eut-on dit, un peu de l’âme inconstante et légère des artisanes de Buzulzo. Quelque temps plus tard, Hamon exposait sa Comédie humaine, placée depuis au Musée du Louvre et qui le fit célèbre du jour au lendemain. La Farce, Ma Sœur n’y est pas, l’Amour et son troupeau, les Vierges de Lesbos, l’Amour en visite, vingt autres toiles, inspirées de l’anthologie et qui en transposaient la fleur sans lui ôter de son parfum, accrurent encore sa réputation.

Des chagrins privés, auxquels s’ajouta bientôt l’appréhension secrète d’une certaine défaillance dont la critique avait injustement relevé les symptômes dans deux ou trois de ses dernières œuvres, gâtèrent fâcheusement pour Hamon cette période de production heureuse. L’extrême sensibilité de son caractère l’inclinait plus que personne au découragement. Par là encore il était Celte. Il venait d’exposer son Amour en visite. On connaît cette jolie page et l’anecdote de l’Eros mouillé qui frappe à une porte, commentaire exquis des vers de La Fontaine :