Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/227

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grand sculpteur populaire, de l’imagier par excellence de la Bretagne contemporaine, M. Yves Hernot fils, de Lannion.

Le calvaire de Guimiliau est, avec le calvaire de Plougastel-Daoulas, le plus célèbre des calvaires bretons. Il faut bien avouer cependant que les proportions en sont loin d’être aussi heureuses que celles du calvaire de Plougonven. Comme l’a remarqué M. Léon Palustre, la croix qui le surmonte ne se dégage pas suffisamment de l’ensemble : elle a l’air d’un accessoire, quand elle devrait être le principal. Cela tient à ce que le développement du calvaire, au lieu de s’opérer en hauteur, s’accuse seulement en largeur, par suite de la substitution du système des appendices rectangulaires, à moitié découpés en arcades, au système du massif octogonal.

C’est par les détails que se rachète le calvaire de Guimiliau : les personnages sont taillés sans trop de gaucherie ; les scènes, vues de près, ont du caractère dans leur naïveté. Je citerai particulièrement la fuite en Égypte, groupe d’un réalisme saisissant : la Vierge, avec l’enfant Jésus, sur l’âne ; saint Joseph devant, minable, le gippon ou jaque serré à la taille par une cordelette de pèlerin, la tête basse et traînant la jambe. Autre scène émouvante, mais qui ne se rapporte que d’assez loin au drame de la Passion : celle où Catel-gollet (Catherine la perdue), les cheveux défaits, les seins pendants, avec une inoubliable figure d’épouvante, est précipitée nue dans l’enfer. Un diable lui caresse le cou de sa fourche ; un autre l’agrippe par le bras ; un troisième, mufle de bourreau et de