Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/228

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vampire, la saisit par derrière, ses griffes obscènes plantées à l’endroit le plus tendre du corps, sur la douce fleur de chair qui ne s’ouvrira plus à l’amour. Nous retrouverons ce groupe à Plougastel. Catel-gollet est une figure très populaire en Basse-Bretagne et dont la popularité, comme on voit par les dates d’érection des deux calvaires de Guimiliau et de Plougastel, est antérieure de plusieurs années à la publication du gwerz fameux que le P. Maunoir consacra vers 1640 à cette infortunée pécheresse. Le thème du gwerz paraît emprunté d’ailleurs aux Magicæ questiones du jésuite espagnol Delrio. Maunoir en fit l’application à Catel, dont la légende était encore incertaine et flottante : celle-ci devint, comme chez Delrio, une jeune servante dissolue, qui, ayant celé en confession un péché « maudit et honteux », fut condamnée aux flammes éternelles et apparut le lendemain de sa mort « dans un buisson de feu, le visage plein de serpents et les yeux de salamandres », pour annoncer sa damnation à ses compagnes :

« Voici ma main, cause de mon malheur, — et voici ma langue détestable ; — ma main qui a fait le péché — et ma langue qui l’a nié. — Par Marie-Ma-deleine — j’ai été avertie douze fois — qu’il fallait faire une confession sincère et complète — et que je serais pardonnée. — Un More (le diable) noir et gris à longue queue, — horrible avec les griffes de ses pieds, — en me menaçant de me briser la tête — m’a contrainte de rester bouche close. — Ma malédiction sur les mauvaises compagnies, — sur les sorciers et les soirées ! — Ma malédiction sur les bals et les