Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/267

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moricaine. On les retrouve, et presque sous le même nom, dans les cuignoux, cuignols, cuignets, sortes de tartes aux pommes en forme de croissants allongés dont les cabaretiers picards régalent leur clientèle dans les quenioles de la Flandre française, où sont encadrés de petits Jésus en sucre, dans les kerskœken de la Flandre flamingante que décore l’image du sanglier national (sus celticus), voire dans les cagneux lorrains, les cochelins Orléanais, les hôlais d’Argentan les cornabœux berrichons, les bourrettes de Valogne les cochenilles de Chartres, les aiguilans de Vierzon et les apognes de Nevers

Un tintement de cloche sur la lande : il est temps, de s’apprêter. Le penn-ti donne le signal en se levant de son fauteuil ; les garçons allument les lanternes de corne ; les femmes chaussent leurs galoches et toute la maisonnée s’ébranle dans la direction de l’église. Que la nuit est noire !… Tant mieux ! Plus les ténèbres sont denses, plus l’année, dit-on, sera riche en sarrazin :

Pell-gent du,
Blavez ed du.

« Messe de minuit noire, année de blé noir ». Noyé d’ombre jusqu’à mi-corps, l’énorme vaisseau paroissial, sur la hauteur, fait feu de toutes ses verrières. L’office commence ; les chants éclatent ; l’encens monte en odorantes volutes. L’église maintenant est comme un grand jardin mystique ou s’épanouit l’âme de la chrétienté bretonne. Mais l’instant suprême, la minute de bonheur idéal, c’est à l’Éléva-