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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/278

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gnage d’un contemporain, cité par M. d’Arbois de Jubainville, le rôle de la Vierge, dans une représentation donnée à Vannes du Mystère des trois Rois, était joué par un paysan qui avait simplement et pour tout costume passé sur ses habits une chemise de femme ; le pétras n’avait même pas quitté son chapeau noir à larges bords !

Par parenthèses, il ne faut point trop s’étonner que le personnage de la Vierge ait été, dans ce mystère, confié à un homme. Il en est ainsi, en Bretagne, pour tous les personnages féminins. Le rôle de sainte Tréphine était tenu à Morlaix, en 1888, par un cordonnier du nom de Hernol. Semblablement, dans le Mystère de saint Gwénolé, c’est un cultivateur, Pierre Pape, qui tient le rôle d’Alba, mère du saint, comme son frère, Jean-Marie Pape, cultivateur, tient le rôle de Marharidik et Jean-Marie Keringant, forgeron, celui de Clervie. Cette distribution est un souvenir du moyen âge qui interdisait aux femmes de paraître sur la scène dans les mystères dramatiques, mais, par une contradiction singulière, autorisait leur présence dans les mystères mimés et dans les « tableaux vivants ». L’arrêt de la Cour de Rennes du 24 septembre 1753, « faisant défense aux artisans, laboureurs, etc., de représenter des tragédies ou comédies », parle bien d’ « enfants de famille de différent sexe ». Simple confusion : étrangers à la Basse-Bretagne, les juges de Rennes s’en tenaient trop strictement à la lettre du texte portant indication de personnages féminins et ne réfléchissaient point que les rôles de ces personnages étaient tenus par des adolescents du